Mémorial de la Shoah

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« Déportés, j’avais ton âge »

Cette exposition photographique de Karine Sicard-Bouvatier est présentée sur les grilles de l’Hôtel Groslot et les fenêtres du CERCIL jusqu’au 27 avril 2025.

« À l’heure où les témoins de la déportation nazie disparaissent, transmettre leur parole aux jeunes générations est une priorité. Dans un temps de menace, de repli sur soi, de vie réduite à l’immédiateté, la transmission ouverte et constructive de la mémoire s’impose de nos jours plus que jamais. La mémoire de ce qu’ils ont enduré mais aussi de l’innommable, de l’indicible, doit se transmettre avec force et conviction auprès de chaque nouvelle génération. Il nous incombe de sans cesse recommencer à informer et sensibiliser les jeunes, afin qu’eux-mêmes deviennent à leur tour des « passeurs » de mémoire. Protestante, j’ai toujours été élevée avec la conscience que l’histoire de la Shoah nous concernait tous et pas seulement une communauté.

À l’origine de ce projet, il y a la rencontre, en 2018, avec deux rescapés. J’ai tout à coup réalisé que la génération de mes enfants était la dernière à être en lien avec ces hommes et ces femmes qui avaient souffert dans leur chair du nazisme. Il m’a semblé alors essentiel de documenter cette transmission, de fixer dans l’instant cette ultime rencontre. « Une photographie, c’est un fragment de temps qui ne reviendra pas », déclarait la photographe Martine Franck. Sensibiliser la jeunesse d’aujourd’hui, l’inviter à s’approprier cette part d’histoire, à se rendre compte de ce que signifie être déporté dans de tels lieux de terreur quand on a 15, 16, 17 ou 18 ans. La rencontre entre des rescapés et des jeunes du même âge que le leur à l’époque de leur déportation transpose dans le temps présent ceux qu’ils étaient à cette période précise de leur vie, c’est-à-dire des jeunes auxquels l’avenir souriait, des jeunes qui avaient une famille, des envies, des désirs, des rêves, comme en ont ceux d’aujourd’hui. Photographe et auteure, j’ai réalisé les portraits photographiques et témoignages de 25 des derniers rescapés des camps de la mort avec des jeunes âgés du même âge qu’eux au moment de leur déportation. Ici 18 portraits seront présentés.  Ce travail a également fait l’objet d’un livre publié aux Éditions de La Martinière en avril 2021 et d’une édition pour la jeunesse, Déportés, j’avais ton âge, paru aux Éditions de La Martinière en septembre 2023.

Magda Hollander-Lafon, rescapée juive de Hongrie, formule un vœu dans Quatre petits bouts de pain (Albin Michel, 2012) : « Je voudrais que cette mémoire imprimée dans mon cœur inspire la force de vivre et d’agir pour que “jamais plus” puisse devenir une réalité ?» Cette exposition participera, je l’espère, à garder vivante la mémoire des derniers témoins parmi les jeunes générations, qui pourront s’en saisir et continuer de la transmettre.

« Là-bas, dans les plaines allemandes et polonaises, s’étendent désormais des espaces dénudés sur lesquels règne le silence ; c’est le poids effrayant du vide que l’oubli n’a pas le droit de combler, et que la mémoire des vivants habitera toujours. » Simone Veil, Une vie (Stock, 2007). »

Karine Sicard-Bouvatier, photographe


Deux ouvrages de Karine Sicard-Bouvatier, avec notamment les portraits exposés, sont en vente à la librairie du CERCIL

Rwanda, 1994 : le génocide des Tutsi

À l’occasion des 30e commémorations du génocide des Tutsi, le CERCIL présente une exposition itinérante conçue par le Mémorial de la Shoah jusqu’au 22 septembre.

Entre le 7 avril et la mi-juillet 1994, plus d’un million de personnes sont mortes assassinées au Rwanda : en moins de trois mois, les trois quarts de la population tutsi ont péri au cours du dernier génocide du XXe siècle.
L’exposition itinérante conçue par le Mémorial de la Shoah revient sur cet événement historique majeur.
Le génocide des Tutsi rwandais n’est pas le fruit d’un soudain accès de folie collective. L’efficacité et la rapidité du massacre systématique des hommes, des femmes et des enfants tutsi rendent compte de la préparation minutieuse des tueries.