De l’internement des «Nomades» aux luttes pour la reconnaissance du génocide
« Il y a des luttes qui passent inaperçues alors même qu’elles ne sont ni occultées, ni refoulées, ni oubliées. Ce sont des batailles invisibles. La qualification des persécutions à l’encontre des collectifs romani et voyageurs pendant la Seconde Guerre mondiale en France est l’une d’entre elles. »
Depuis 2015, l’anthropologue Lise Foisneau croise les recherches historiques sur la situation des «Nomades» pendant la Seconde Guerre mondiale et l’oubli dans lequel ils ont été plongés. En analysant les conséquences actuelles des politiques anti-nomades conduites en France entre 1939 et 1946
sur le monde des voyageurs, la chercheuse montre la continuité des politiques publiques dont le fil conducteur est la persécution raciale des gens du voyage.
En décembre 2024, elle a œuvré pour la mise en ligne d’une base de données : «NOMadeS : Mur des noms des internés et assignés à résidence en tant que “Nomades” en France (1939-1946) ». Ce site qui s’inscrit dans une perspective collaborative a pour mission de nommer les victimes françaises de la persécution et du génocide des collectifs romani et voyageurs, camp par camp pour l’internement, département par département pour l’assignation à résidence.
Lise Foisneau est chargée de recherche au CNRS (IDEAS – Institut d’ethnologie et d’anthropologie sociale). Elle a soutenu un doctorat en anthropologie à l’Université Aix-Marseille sur les formes politiques d’un collectif romani de Provence en 2018 après un terrain itinérant de plusieurs années en caravane. Ses recherches postdoctorales sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ont été menées à la Central European University (Budapest), au United States Holocaust Memorial Museum (Washington) et à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Elle est l’autrice de deux livres, Les Nomades face à la guerre (1939-1946) (Klincksieck 2022) et Kumpania. Vivre et résister en pays gadjo (Wildproject 2023).
Entrée libre, réservation conseillée